Le 28 juillet 2014, le pape François a rendu visite à un rassemblement de pasteurs évangéliques dans la ville de Caserte, non loin de Naples. Il y a retrouvé en particulier le pasteur pentecôtiste Giovanni Traetinno qu’il avait côtoyé du temps où il était archevêque de Buenos Aires.
François demanda pardon à l’auditoire pour les persécutions infligées aux pentecôtistes italiens sous le régime fasciste de Mussolini : «Les catholiques se trouvèrent au nombre de ceux qui persécutèrent et dénoncèrent les pentecôtistes comme étant des aliénés […] Je suis le berger de l’Église catholique, et je vous demande de pardonner à mes frères et soeurs catholiques qui ne comprirent pas et furent tentés par le démon».
Le pape François a également déclaré qu’il était bien conscient que plusieurs catholiques pourraient être choqués de cette visite à des pentecôtistes, mais qu’il «était venu voir des amis». La démarche a effectivement suscité immédiatement des commentaires défavorables sur des sites intégristes catholiques, tout en étant accueillie avec circonspection par nombre d’évangéliques.
L’attitude du pape s’inscrit en effet dans une démarche de rapprochement initiée dans le cadre du courant charismatique. L’une des dernières étapes a été son message d’unité et sa demande de prière réciproque, transmis à une rencontre de leaders néo-pentecôtistes aux États-Unis par son ami, l’évêque Tony Palmer, qui vient de décéder dans un accident de circulation le 20 juillet dernier.
La persécution sévère subie par les pentecôtistes italiens depuis les années 20 jusqu’aux lendemains de la dernière guerre est une réalité historique méconnue.
Les pionniers du mouvement de pentecôte italien ont été les pasteur Luigi Francesconi, également pionnier du Réveil brésilien, et Giacomo Lombardi, qui implanta les premières communautés en Italie dès 1908. La croissance rapide de ces Églises se heurta ensuite à une nette persécution, qui passa par un maximum après la prise de pouvoir de Benito Mussolini. Ce dernier ne voulait pas accepter l’individualisation de la foi et l’autonomie de l’engagement propres aux Évangéliques. Il emprisonna nombre de pasteurs et certains moururent en prison. Roberto Bracco, responsable de l’assemblée de Rome, fut arrêté 17 fois. Le pouvoir assigna à partir de 1937 des pasteurs en résidence dans des localités éloignées, ce qui contribua à la diffusion géographique du mouvement. Le 9 avril 1935, le Duce italien fit fermer tous les lieux de culte pentecôtistes. La loi prohiba la manifestation du parler en langues. La circulaire du ministre de l’Intérieur, Guido Buffarini Guidi, spécifiait que le pentecôtisme «était contraire à l’ordre social et menaçait l’intégrité morale et psychique de la race»[1]. Malgré tout, l’expansion se poursuivit dans la clandestinité, notamment en Sicile.
L’Église catholique encouragea et favorisa la persécution, qui, de ce fait, survécut à la chute du fascisme. Les gouvernements démocrates-chrétiens d’après-guerre se montèrent bien frileux en terme de liberté religieuse. Il fallut attendre le 12 mai 1959 pour que les principales mesures répressives soient levées et la dernière décennie du XXe siècle pour que le culte soit reconnu.
Le pentecôtisme italien est aujourd’hui un des premiers d’Europe, presque deux fois plus important que son homologue français, et il domine plus largement encore le tissu évangélique national. Les principales confessions sont les Assemblées de Dieu d’Italie, constituées à Naples en 1947, suivies par la Fédération des Églises pentecôtistes.
Les relations entre catholiques et pentecôtistes ont été longtemps assez tendues. En 1992, lors de la quatrième conférence des évêques d’Amérique du Sud, le pape Jean-Paul II avait inclu de manière implicite les pentecôtistes parmi les sectes, qu’il désignait comme des loups féroces «dévorant les catholiques latino-américains» et «amenant division et discorde». De leur côté, dans le contexte de persécution anti-évangélique en Italie dans les années 1930, les pentecôtistes avaient développé une hostilité marquée au catholicisme.
Quelles que soient les lectures qui peuvent être faites de la démarche contemporaine du pape François, on ne peut qu’y voir une avancée majeure vers un témoignage commun en faveur de l’Évangile.
Jean-Yves Carluer
[1] Michael R. Ebner, Ordinary violence in Mussolini’s Italy, 2011, p. 198.
Face au succes que semblent remporter les ordres mystiques et l’islam, il est important que l’Église pour laquelle, le Seigneur Jésus est allé à la croix s’accorde sur le message de l’évangile afin d’apporter la lumière au monde qui se meurt faite de connaissance.
C’est donc à mon sens une bonne démarche qu’a entrepris le pape du peuple.
A nous les évangéliques de ne pas rejeter cette main tendue. Mais au contraire de la saisir et de pouvoir ainsi faire comprendre à nos freres kto, l’essentiel.
Que l’Eternel, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob nous éclaire au nom de Jésus. Amen! Charles.
Amen,
DFT