Les Églises méthodistes du Havre (1879-1938)

Des débuts prometteurs…

      La fondation d’une communauté méthodiste au Havre en 1879 est tout sauf un effet du hasard. Cela fait un siècle déjà que des missionnaires méthodistes sont à l’oeuvre en Normandie, qui a été une des implantations pionnières de ces Évangéliques venus des Îles de la Manche dès la fin du XVIIIe siècle…

Jean Paul Cook

Le pasteur Jean-Paul Cook. Il était en 1880 évangéliste itinérant au service des Églises méthodistes. Image Société d’études du méthodisme français.

    L’artisan principal de l’évangélisation méthodiste au Havre est le Révérend William Gibson. Soutenu financièrement par la Conférence wesleyenne de Londres, il développe à partir de 1862 des stations pionnières dans les agglomérations ouvrières françaises1. A l’automne 1879, la recomposition alors en cours du protestantisme havrais est l’occasion de tenter une nouvel essaimage dans la cité de François Ier. « M. Gibson et Cook ont inauguré avec succès […] les 25 et 26 novembre, des salles à la Mc-All, ou l’Évangile sera annoncée aux grands et aux petits plusieurs fois par semaine par M. Le Rouzetel, Gray et Godet, avec le concours des chrétiens de la localité même. Comme partout il a suffit ouvrir des locaux et de les éclairer pour que la foule s’y porte en nombre », écrit la revue L’Évangéliste, le 4 décembre 1879. 

     Les conditions apparaissent effectivement idéales pour les méthodistes : Un certain nombre de chrétiens wesleyens, surtout britanniques, résidaient effectivement dans l’agglomération, le contexte administratif et politique était on ne peut plus favorable, et les moyens modernes de communication employés opéraient à plein.

     A la fin de l’année 1880, le pasteur G. Jaulmes passe dans la ville et fait un rapport très positif de l’action engagée : « Dans cette grande ville qui s’accroît chaque jour et tend  à devenir la rivale de Marseille, l’oeuvre de l’évangélisation parmi des ouvriers est réellement intéressante. Nos excellents frères, messieurs Welpton et Godel, qui la poursuivent, voient chaque jour cette œuvre s’étendre et le nombre des auditeurs s’augmenter.

     La petite salle où ils se réunissent est, le dimanche, plus que comble. Le dimanche qui a précédé notre visite au Havre, il y avait plus de cent personnes écoutant avec un calme parfait et un intérêt soutenu les vérités de l’Évangile. Quelques-unes de ces personnes se sont même déjà données au Seigneur, et ensuite à l’Église qui les a amenés à la foi.

     …À la conférence publique que j’ai donnée au Havre, dans la salle de l’Élysée le 30, sur l’amélioration la société, 200 à 250 personnes ont écouté avec attention… Nos frères du Havre s’occupent de chercher un autre local dans un des faubourgs de la ville pour y avoir aussi des conférences 2».

     Il faut attendre une dizaine d’année pour que la municipalité du Havre s’aperçoive officiellement de l’existence de la chapelle méthodiste. Le 15 septembre 1888, les services du commissariat central font état du service d’inhumation qui s’est tenu à la chapelle « wesleyenne méthodiste, 16, avenue de l’hôpital, dont le pasteur est M. Welpton ». Il s’agissait du jeune enfant du concierge du local de réunion. Ce n’est pas le premier enterrement méthodiste, car, selon le même rapport, « un service de ce genre a été fait dans la même chapelle à l’occasion du décès d’une dame anglaise qui habitait quai Vidocq ».

(à suivre)

Jean-Yves Carluer.

1 Le pasteur et historien N. Weiss, dans le Christianisme au XIXe siècle, rend hommage au révérend Gibson. Il rappelle l’œuvre d’évangélisation commencée dans la salle du Boulevard des Capucines, louée par ses soins 50 Francs par soirée : «  Il lui a sacrifié presque toute sa fortune, sa santé et celle de sa femme et de ses deux dernières filles… Pendant un si grand nombre d’années, Monsieur le pasteur Gibson a pu presque seul recueillir de quoi alimenter une oeuvre nécessairement dispendieuse. C’était un collecteur hors-ligne ». (L’Évangéliste, 21 septembre 1894).

2 L’Evangéliste, 4 décembre 1880

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