Jean-Baptiste Ladam (1789-1842)

Le premier colporteur évangélique français

    La biographie de J.B. Ladam est tout à fait exceptionnelle. Elle illustre la mise en place progressive de la diffusion biblique dans les campagnes et les villes de France au début de l’époque du Réveil.

    Les lecteurs de ce site ont déjà croisé notre personnage, véritable pionnier en son temps, un temps difficile dénué des plus élémentaires libertés d’opinion et de diffusion des idées.

    Nous avons déjà relaté les circonstances de son appel au colportage, dans son village natal de Nomain (Nord), sous l’impulsion de l’évangéliste Henri Pyt. Né le 28 janvier 1789, dans une famille catholique, conscrit pendant les dernières campagnes de Napoléon, il s’était converti de retour au pays après la chute de l’Empire. C’est en octobre 1820 qu’il s’engage comme colporteur biblique dans le cadre de la Société Continentale.

    Tout semble se passer correctement au cours de ses deux premières années de distribution. Il affine ses compétences, aussi bien dans la vente que dans l’évangélisation qui l’accompagne. Le colporteur s’appuie, en effet, sur ses contacts locaux pour initier des entretiens et organiser des réunions dans les maisons les plus accueillantes. Il y mettait également à profit son expérience musicale régimentaire. D’après son biographe anonyme des Archives du Christianisme, son rayon d’action était d’une centaine de kilomètres environ autour du coeur de l’oeuvre de Henri Pyt, Valenciennes et Nomain.

    Les succès de Jean-Baptiste Ladam et de ses collègues, Ferdinand Caulier et Ubald Waquier, attirèrent l’attention du clergé catholique et des autorités administratives qui décidèrent de sévir.

    Nous avons raconté ailleurs les circonstances de son arrestation à Saint-Amand (Nord), et des procès à répétition qui suivirent. Le colporteur fut finalement condamné à une forte amende : 500 francs-or, l’équivalent de plusieurs années de salaire. Évidemment, Jean-Baptiste Ladam ne possédait pas cette somme. Il fit donc appel à la générosité de l’Église libre de Genève qui le tira d’embarras.

    Cette tactique répressive se montra efficace. Les Suisses n’avaient pas les moyens de renouveler indéfiniment leur secours, et notre colporteur était désormais bien connu et surveillé. Seule solution : abandonner les tournées pour un temps en attendant des jours meilleurs. Ladam préféra alors faire œuvre d’évangéliste dans les lieux de culte qu’il avait fondés. Nous le retrouverons plus tard colporteur en région parisienne, après que la Révolution de juillet 1830 ait provisoirement desserré les contraintes policières. Pour lors, seuls les autres colporteurs poursuivirent brièvement leurs tournées dans le département du Nord, mais il était clair que cette œuvre y devenait très risquée.

    Laissons de côté pour un temps Jean-Baptiste Ladam.

Temple Gaubert Eure-et-Loir

Le temple de Gaubert (Eure-et-Loir) reconstruit à la fin du XIXe siècle.

    Les missionnaires évangéliques, à commencer par Henri Pyt, jugèrent à propos de porter l’oeuvre dans d’autres régions. La Société continentale avait affecté le pasteur près d’Orléans, à Guillonville. Il fit alors appel à Ferdinand Caulier qui entreprit une œuvre fructueuse dans les campagnes de la Beauce. Le colporteur devint progressivement un évangéliste efficace, à l’origine d’une importante Église à Gaubert, un hameau de Guillonville, où se trouvait son domicile.

    La persécution et les menaces qui obligeaient les pasteurs et les colporteurs à changer régulièrement de région et de département présentaient un avantage inattendu, celui de contribuer à une dissémination géographique rapide de l’Évangile.

    La Société continentale, comprenant cette logique, affecta en 1821 Henri Pyt dans les Pyrénées-Atlantiques. En accord avec le président du consistoire d’Orthez, il se fixa à Bayonne, dont il devint bientôt le pasteur officiel. De là, il rayonnait sur les paroisses du Béarn et même dans la région de Saverdun. Le missionnaire ne manqua pas d’initier, avec son collaborateur Jean Sol, une nouvelle campagne de colportage en Pyrénées-Atlantiques dont nous reparlerons.

Ce contenu a été publié dans Histoire, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Jean-Baptiste Ladam (1789-1842)

  1. Jean Vilbas dit :

    Je vous signale un article paru dans Pays de Pévèle, n° 81 « Le pays de Pévèle, ses protestants et ses ministres » (pp. 43-53) ; j’y évoque Ladam et les premiers colporteurs de Nomain mais aussi le pasteur baptiste Jean-Baptiste Crétin et l’évangéliste réformé Constant-Joseph Dupont.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *