Les navires d’évangélisation portuaire -2

L’Annie le long des quais du Havre

     Si, en 1881, l’ancien yacht du comte Alexis Bobrinsky était surtout resté à Honfleur, les responsables méthodistes utilisent de nouveau l’Annie les années suivantes, cette fois pour des croisière d’évangélisation sur les côtes françaises de la Manche.

    Nous avons de ses nouvelles dans une lettre très intéressante que John W. Herivel, un des pasteurs wesleyens du Havre, a fait publier dans le journal l’Évangéliste en juillet 1883. On lit dans ce texte, très marqué par le vocabulaire évangélique, à la fois la description des méthodes de communication empruntées à la mission Mc-All et le programme d’action de cette année-là, orienté vers la Normandie et le Nord de la France :

    « Permettez que je donne à vos lecteurs quelques détails sur l’oeuvre d’évangélisation qui s’est faite au Havre pendant le mois de juin (1883) à bord du bateau missionnaire « Annie » sous les auspices et aux frais d’un philanthrope chrétien anglais, M. Henry Cook, de Gosport.

    On se fatigue rarement de regarder un vaisseau sillonner la mer ou même amarré au quai dans un port. Ce n’est qu’un navire, on en voit beaucoup au Havre ; cependant il y a un je ne sais quoi de nouveau qui plait toujours. Jésus-Christ et ses disciples, montés sur une barque, éveillèrent l’intérêt des habitants des bords de la mer de Galilée. Faut-il s’étonner si, aujourd’hui encore, dans la personne de quelques-uns de ses disciples, montés sur un navire, attirent fortement les habitants du quartier Saint-François et des environs.

    Il se peut que, comme jadis, l’envie des pains et des poissons anime les uns et que la simple curiosité attire les autres, mais une seule visite à bord réussit toujours à les éclairer sur ce qu’on leur veut. Quant à leur étonnement, on ne saurait vous le décrire. Au sortir de la réunion on les entend se dire les uns aux autres : « jamais prêtre ne nous a parlé comme cet homme ! Que c’est beau et si clair ! On nous a trompés jusqu’ici »

    Plusieurs viennent nous demander ce qu’il faut faire pour changer de religion. Nous cherchons alors à les amener, repentants, aux pieds du Crucifié. Béni soit Dieu, la semaine dernière, plusieurs ont cherché avec larmes le pardon de leurs péchés, et ils se réjouissent aujourd’hui dans la foi en un puissant Sauveur. Une famille, père, mère et enfants se sont fait inscrire sur les registres de l’Église.

    Malheureusement, le bateau est trop petit pour recevoir les foules qui viennent écouter la Bonne Nouvelle. Travaillons à convertir protestants et catholiques romains en chrétiens actifs et joyeux.

 

Caserne Kléber Le Havre dans le Blog de Jean-Yves Carluer

Caserne Kléber Le Havre. Le poste de garde

   Nous avons distribué des centaines de traités et d’Évangiles. Un jour, pendant que je faisais la distribution sur un pont, des militaires passent. Je les invitai à assister aux services. Ils s’excusèrent en disant : « Il est trop tard, il faut rentrer à la caserne ! » Alors cette pensée se présenta à mon esprit : « Ne pourrions-nous pas tenir un service à bord, uniquement pour les militaires ? » Et j’en parlai à M. Cook. Des cartes d’invitation furent imprimées et distribuées. Le lendemain, à sept heures du soir, 28 militaires se présentèrent. Le surlendemain, 71. Et, tous les soirs, les réunions sont bien suivies. Des centaines de militaires ont déjà entendu la Bonne Parole. Mon cher collègue Whelpton leur a donné des Évangiles. Ils chantent avec entrain les cantiques populaires (donnés gratuitement à M. Cook par ce fidèle serviteur de Christ, M. Louis Sautter), et ils écoutent l’Évangile dans un profond recueillement. Un d’entre eux cherche sérieusement le Seigneur Jésus […]

    Dieu fait son œuvre : la semence jetée à terre par le vénérable pasteur Puaux, par mes collègues Welpton, etc, germera tôt ou tard et produira des fruits, Dieu seul sait dans quelle ville ou village de France.

    Priez Dieu pour que le Saint-Esprit accompagne le bateau dans la tournée que Monsieur le pasteur Gibson doit faire au mois de Juillet à Rouen, Trouville et à Caen, et aussi pour celle qui se fera au mois d’août à Dunkerque et à Boulogne-sur-mer, sous la direction de MM. Mc-All et Sautter1.

Jean-Yves Carluer

1L’Évangéliste, Juillet 1883. Les méthodistes semblent avoir coordonné l’action en Normandie et la Mission Mc-All sur le littoral de la Mer du Nord. Henry Cook, devenu propriétaire de l’Annie, est le responsable des opérations « navales », mais ne prêche pas directement, faute de maîtriser la langue française.

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